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Tout seul, d'en haut, à droite
30 avril 2011

Marrakech : le terrorisme contre la civilisation de la fête

A l’heure actuelle, rien ne permet d’affirmer que le récent attentat de Marrakech, dans un restaurant très fréquenté par les touristes étrangers, soit l’œuvre d’Al-Qaida ou d’une quelconque organisation islamiste. Ce qui semble évident, en revanche, c’est que le lieu n’a pas été choisi au hasard : les terroristes ont voulu frapper une ville qui figure parmi les destinations phares d’un certain tourisme occidental, avide de fêtes, d’alcool et de prostitution. Le parallèle s’impose avec les attentats de Bali en Indonésie, qui avaient frappé en 2002 une boîte de nuit remplie de touristes australiens.

 

Bien sûr, rien ne permet d’excuser, ni même d’expliquer, le geste criminel d’individus qui frappent aveuglément des innocents. Pour autant, gardons-nous de négliger la violence symbolique que représente le tourisme occidental de masse dans les pays émergents : alors que les habitants de ces pays manquent parfois du strict nécessaire, ou à tout le moins vivent dans une insécurité incomparablement plus grande que la nôtre (en raison de la difficulté d’accès aux soins, à l’emploi, à l’instruction), les Occidentaux leur offrent trop souvent le spectacle d’individus insouciants, hédonistes, qui n’ont d’autre projet touristique que de donner libre cours à leurs pulsions, en s’affranchissant de la norme sociale de leur pays d’origine.

La violence symbolique liée à ces comportements est d’autant plus perverse que le tourisme constitue la principale ressource de nombreuses régions émergentes (le Maroc et l’Indonésie en sont d’excellents exemples) : d’un point de vue économique, les populations locales sont donc contraintes de subir et même d’encourager l’afflux massif de touristes occidentaux… dans l’espérance que le superflu des uns puisse servir pour le nécessaire des autres.

 

Le choc des cultures qui en résulte fait le lit de toutes les frustrations. La réactivation des identités traditionnelles (culturelles et religieuses bien plus que politiques et nationales) fonctionne alors comme un antidote à l’imposition d’une culture étrangère, les nouveaux « colonisateurs » n’ayant même plus l’alibi d’une mission prétendument civilisatrice. Le terrorisme islamiste, s’il a bien d’autres causes, ne peut que prospérer sur un pareil terreau.

 

En définitive, l’attentat de Marrakech illustre l’une des lignes de force de la mondialisation : la confrontation inéluctable entre la décadence occidentale – la civilisation de la fête, en termes plus choisis – et le fondamentalisme religieux, notamment islamiste. Formons le vœu qu’une troisième voie soit possible entre ces deux barbaries.

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